AHIMSA : le 1er des Yama, la base de la base du yoga

Savoir faire le Chien tête en bas cela ne veut pas dire « Faire du yoga ». Le yoga c’est beaucoup plus que cela.

Dans ses sutras, Patanjali, le sage qui (nous) a transmis le yoga par écrit (pour rappel, avant lui le yoga se transmettait oralement du Maître à l’élève), nous explique que le yoga se compose de 8 piliers (ashta : 8 et anga : membre → ashtanga yoga : l’ancêtre du yoga moderne, d’où ont découlé toutes les autres formes de yoga quelques siècles plus tard). Aucun des 8 piliers n’est à négliger, il est important de continuer à les cultiver tous, quelque soit son niveau de pratique, car tous sont interdépendants.

Est-il bien nécessaire de rappeler que le yoga n’est pas seulement une pratique physique mais une pratique spirituelle avant tout ? A la base, il n’existait qu’une seule asana, l’assise stable et confortable dans laquelle le yogi cherchait à calmer son mental grâce à sa respiration.

Le yoga, c’est une façon d’être au quotidien, c’est-à-dire comment on se comporte, comment on agit, avec les autres, avec la Nature, et même avec soi-même.

Le 1er pilier du yoga, ce sont les Yama (décrits dans ce précédent article), ces principes de « vie en société » qui donnent des indications, des lignes directrices sur comment se comporter avec le monde qui nous entoure, les personnes, la Nature, les êtres vivants……  Les Yama sont au nombre de 5, et le 1er est Ahimsa.

Ahimsa signifie littéralement « Non-violence ». De premier abord, l’idée de non-violence peut paraître simple : ne pas être physiquement violent avec les autres. Mais tout est subtil, tout est profond en yoga et si on y réfléchit, la « non-violence » c’est le fait de « ne pas nuire » (c’est d’ailleurs comme cela qu’Ahimsa est traduit en anglais Non-harming). Ne pas nuire, ne pas faire mal. Et cela est possible de bien plus de façons que l’on y pense à priori, car c’est ne pas nuire par ses actions certes, mais aussi ne pas nuire par ses paroles, ou même encore ne pas nuire par ses pensées.

Par exemple :

  •  ne pas nuire par ses actions, cela peut pour certains s’appliquer en devenant végétarien, ou bien en devenant plus sensible à l’environnement et en faisant du tri sélectif, en utilisant moins sa voiture en se déplaçant à vélo ou à pied quand cela est possible…
  • ne pas nuire par ses paroles, cela peut être de parler avec gentillesse à tout le monde c’est-à-dire pas seulement aux êtres qui nous sont chers mais aussi aux gens que l’on croise tous les jours ;
  • ne pas nuire par ses pensées, cela peut s’appliquer en évitant de laisser aller son mental à des jugements ou des commentaires négatifs (voire des insultes)

Il est donc important de garder à l’esprit que, dans notre quotidien, on peut être nuisible de bien plus de façons qu’on ne pense quand on se limite à la simple traduction littérale d’Ahimsa « la non-violence ».

Ne vous êtes-vous jamais retrouvé face à une caissière ou un conseiller désagréable ou même agressif ? Quelle a été votre réaction ? L’avez-vous immédiatement jugé(e) et avez-vous adopté le même comportement que lui ou elle, ou bien avez-vous évité tout jugement en pensant au pourquoi de son attitude (il s’agissait peut-être d’une femme battue qui n’a pas pu dormir de la nuit, ou peut-être d’une personne dont l’enfant a été malade et pour lequel elle (il) a du passer la nuit aux urgences avant d’aller travailler…) et êtes-vous au contraire resté gentil(le) et agréable envers elle (lui) ?

Personnellement, il y a quelques années je pensais que rester agréable et gentille envers quelqu’un d’agressif ou de désagréable était une preuve de faiblesse, mais je me suis rendu compte qu’en pratiquant Ahimsa dans ce genre de situation, le comportement des personnes face à nous change (car très souvent ce type de comportement est motivé par la souffrance de ces personnes). Françoise Mazet explique : « C’est toute l’importance de l’attitude intérieure. Si quelqu’un vit dans un état de non-violence, c’est-à-dire de non-jugement, de respect de l’autre, il va influencer son entourage et il sera très difficile d’être agressif à son égard ou même simplement en sa présence ».

Il en est de même avec les enfants. Faites attention à vos paroles envers eux. Pas de paroles rabaissantes ou humiliantes. Cela peut créer des traumatismes jusqu’à l’âge adulte dont certain(e)s n’arrivent jamais à se défaire malgré des années de psychanalyse ( « De toute façon tu es toujours dernier » ou « Ce n’est pas possible d’être aussi bête, tu n’as rien dans la tête » ou encore « tu es gros(se) arrête de t’empiffrer »…..). Essayez toujours d’avoir un minimum de bienveillance dans vos paroles envers les enfants.

Cela peut aussi se retrouver dans la vie professionnelle, en tant que supérieur hiérarchique, veillez à ne pas faire d’abus de pouvoir, n’ayez pas de paroles humiliantes, ou même simplement envers vos collègues sans rapport de hiérarchie.

Et n’oubliez pas d’y penser aussi lorsque vous êtes vous-même dans des états mentaux négatifs, car dans ce cas, on s’en rend moins compte. Quand vous êtes en colère par exemple, quand vous êtes passionnés, quand vous êtes (trop) fier(e) de vous (et que vous ne maîtrisez plus votre ego)……..

Ne pas nuire en pensées est également important car cela a un impact sur notre environnement direct. Les actes mentaux sont de véritables actes, et la pensée est très contagieuse, la pensée a un véritable pouvoir. Prenez par exemple un groupe de personnes en train d’échanger, de discuter au calme autour d’un verre. Si un individu arrive très énervé, plein de pensées négatives (comme la colère par exemple), il n’aura même pas besoin de parler, cela va avoir un impact direct sur le groupe de personnes calmes qui vont toutes automatiquement se retrouver « tendues » autant mentalement que physiquement. La pensée coléreuse produit une vibration analogue chez ceux qui côtoient un individu fâché. Heureusement, les pensées positives (comme la joie par exemple) ont un impact aussi important voire plus important sur notre environnement direct. Une pensée joyeuse de notre part crée, par empathie, une pensée joyeuse chez les autres. Ou encore, vous êtes rempli de joie et de plaisir quand vous voyez une bande d’enfants hilares qui jouent en rigolant et qui dansent de joie. Ou bien encore, peut-être connaissez-vous une personne « solaire » dans votre entourage… comment vous sentez-vous lorsque vous la voyez ?

Ahimsa est donc également liée aux notions de respect, de non-jugement et de bienveillance envers notre environnement donc les personnes qui nous entourent mais également tous les êtres vivants, la Nature et même (nous le verrons lors d’un prochain article) nous-même. Vous pouvez déjà commencer à y penser lors de vos cours de yoga : soyez gentil(le) avec votre corps, écoutez-le, ne le violentez pas.

Vous êtes peut-être en train de vous rendre compte que les exemples de Himsa (action de nuire, par opposition à Ahimsa) peuvent être en fait infinis dans votre quotidien et dans tous les domaines de votre vie. Mais vous pouvez, petit à petit, arriver à modifier cela grâce à l’introspection. Observez-vous sans jugement : on commence où on en est. Pour l’instant soyez juste conscient (témoin de vous-même), regardez-vous, observez la manière dont vous agissez avec les autres, avec la Nature, avec vous-même, observez vos paroles et vos pensées également avec autrui mais aussi envers vous-même. Et peut-être vous déciderez et commencerez à éliminer un peu de Himsa dans votre vie. Vous verrez qu’avec de la pratique, du temps et de la patience, vous arriverez finalement à apporter Ahimsa dans plein de domaines de votre vie. Et gardez à l’esprit de ne pas juger, ni les autres ni vous-même. Chacun commence où il en est et doit être reconnaissant pour chaque amélioration, aussi petite qu’elle soit.

Enfin, n’oubliez pas que ne pas nuire en pensées en paroles et en actes dans votre quotidien a un impact sur votre environnement direct mais aussi indirect. En effet, gardez à l’esprit que nous sommes tous interconnectés, que nos actions ici peuvent avoir un impact de l’autre côté de la planète, qu’aucun bonheur ne peut être véritable ou durable s’il cause du malheur aux autres, qu’aucune liberté ne peut être véritable ou durable si elle naît du fait d’en priver les autres. Donc restez conscient de ce que vous faites (comment vous vivez, ce que vous mangez, ce que vous achetez), comment vous parlez, et comment vous pensez.

« Lokah Samastah Sukhino Bhavantu »

 » May all beings everywhere be happy and free, and may the thoughts, words, and actions of my individual life contribute in some way to that happiness and to that freedom for all « 

 » Que tous les êtres de la Terre puissent être heureux et libres, et que mes pensées, paroles et actions quotidiennes contribuent au bonheur et à la liberté de tous « 

Magnifique mantra… Ecoutez-le, apprenez-le, répétez-le…

 

Faites confiance au processus du yoga, la pratique physique va petit à petit transformer votre rapport au corps et aux pensées (grâce à la Conscience) et vous permettre de faire la même chose dans votre quotidien……. pour devenir votre mode vie. C’est tout cela « Faire du yoga ». Alors…… tous sur vos tapis !!! 😊

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3 réflexions au sujet de « AHIMSA : le 1er des Yama, la base de la base du yoga »

  1. Bravo pour cette approche très interessante de Ahimsa… Avec des exemples concrets, on se rend mieux compte de ce que cela veut dire au quotidien, pour soi !
    Merci !

    • Merci beaucoup Annelo pour votre commentaire. Hé oui, c’est toute la subtilité du yoga… à appliquer au quotidien, car le yoga est une façon de vivre, pas uniquement une pratique posturale. Et n’oubliez pas d’appliquer Ahimsa à vous-même également (pensées, paroles et actions)… J’écrirai peut-être un article à ce sujet bientôt 😉

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